Allô, allô, ici la mort [Libre]

Tu étais exténuée en rentrant dans la salle, mais dès lors que le contenu te parvint aux yeux, tu ne peux t'empêcher de retrouver toute ton énergie. Tu oublies tous les événements passés quelques temps auparavant : ce procès sans fin qui t'en avais presque donné des maux de tête, ce moment où tu devais voter pour une femme déjà morte, l'exécution de Naoto Hiyaru et enfin cette déception, siiii triste déception venant de l'espoir. Bon sang, cette impression de mourir d'ennui avait été présent à ce moment-là, autant te trancher la gorge de part tes griffes. Tu notes désormais à toi-même que l'Espoir est ennuyeux, un recueil de fadaises à nous en faire sombrer dans un sommeil éternel désagréable. La mort doit être agréable... Ce moment était gênant, mais surtout d'un ennui sans nom... Ennuyeux... Hu hu hu... Ennuyeux... Ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux !

D'un gloussement au timbre sinistre, tu t'avances en trottinant dans la pièce, t'approchant d'un des nombreux cercueils, quinze si tu ne te trompes pas. Tu t'accroupis auprès du cercueil et frappes trois petits coups sur le couvercle de bois sombre, et d'une voix amusée tu demandes :

" Dis, dis, est-ce qu'il y a un mort ici~ ? "

Ton gloussement se change en rire. Tu ne comprends pas ce qu'il t'arrive. Ce sentiment de libération, qu'est-ce que c'est ? Tu te sens légère, sereine et... complètement satisfaite. Pourquoi ? Ah, mais peut-être parce que... Tu es enfin toi-même. Serait-ce ça la réponse ? Charlie, qui es-tu vraiment ? La réponse serait donc : une manipulatrice qui veut faire bonne figure ? Peut-être, peut-être pas. Alalala comme tu es compliquée, un vrai casse-tête~

Pourquoi un tel changement ? Pourquoi un tel dénouement ? Serait-ce à cause du Désespoir ? Sans doute, peut-être, sûrement, probablement. Mais de toute manière, qu'est ce que cela te change ? Tu restes Charlie Anderson, l'Ultimate Undertaker. Tu restes ce que tu es, tu restes qui tu es. Pourtant, si c'est le désespoir qui te cause un tel effet, alors tu souhaites vivement le connaître pour l'éternité. Ce sentiment, tu ne sais pas comment le décrire, alors que tu adores étudier la misère et la dégradation de l'être humain, mais tu sens que tu ne pourras plus t'en passer. Au risque de te sentir bien vide, inexistante. Comme si tu ne pouvais pas vivre sans cela.

Tu te relèves doucement et d'un coup de talon habitué, tu fais soulever le couvercle, sans regarder son contenu. Tu chantonnes un petit air, le même qu'à chaque fois, en faisant de même pour les autres boîtes mortuaires. D'un lancer de jambes pour ceux couchés et d'un balayement de main pour ceux qui se trouvent contre un mur. Tu danses, tu chantonnes, tu t'amuses. Tu... Tu te sens comme chez toi, à la maison. Tu aurais l'impression qu'un appel te parviendra pour un nouveau mort, que tu entendras la veuve noire débarquée et te déranger avec mille et une sornette. Un sorte de "Home, sweet home". Tu te sens bien. Après quelques minutes, tu cesses tes activités.

Action:

" Alors, alors, qu'avons-nous là ? Hu hu hu ~ "