De nouveaux arrivants (début du jour 4)

Ryx réfléchit pour répondre à la question de Jimmy, mais Sho y répondit bien assez, pas besoin d'en rajouter. Après avoir ecouté les présentations, Ryx partit explorer le troisième quartier. Il n'avait pas trop envie de rester, car il savait que de toute façon, les trois quarts des élèves présents étaient des hystériques.

[Mdr, le flemme de RP alors finissons en]

Alors là, c'est quasiment du déjà vu. Voir cette fille, devant moi, incrédule, confuse, ça me rappelle ma première participation. C'est triste de voir à quel point les gens sont si peu aptes à l'adaptation, si incapables de gérer le changement. Mais bon, en quelque sorte, tous ces jeux semblent impliquer des pertes de mémoire, tôt ou tard. Ce n'est pas de refus non plus. Je ne refuserai pas de me faire arracher quelques connaissances inutiles de ma conscience. Par contre, Zettai Zetsubou n'a pas l'air du genre à rendre des services et préfère créer un grand désarroi en retirant les souvenirs des gens. Comme cela semble être le cas pour la croque-mort. Ça me fait rire, intérieurement, du moins, de la voir si confuse, de la voir croire qu'elle n'est inconsciente que depuis quelques heures. Sa situation me rend nostalgique, d'une certaine façon. Mais pas cette nostalgie triste. Plutôt cette nostalgie qui te montre à quel point on avait une tête de con dans le passé. Cette nostalgie qui nous amène à se moquer de soi-même. Enfin, je divague.

Évidemment, cette Charlie était certainement perdue, encore plus perdue qu'auparavant, certainement. Je ne l'aide probablement pas en lui crachant un résumé des dernières années dans le visage d'un seul trait, mais je crois qu'il vaut mieux être brutal cette fois-ci, au lieu de la voir virer folle, puis comprendre les faits, comme ce fut le cas pour mes anciens camarades, qui, d'ailleurs, n'ont même pas pu connaître la vérité. Seuls les survivants peuvent savoir. Enfin, au moins, à présent, je n'étais plus le seul à tenter de convaincre Charlie. Mélissa nous avait rejoint et a confirmé mes dires (évidemment, ce serait bien con qu'elle maintienne une opinion contraire). L'aide est appréciée, mais je ne crois pas que notre parole réussira à convaincre la jeune dame. Cependant, je ne vois pas quels autres moyens nous pourrions utiliser pour lui montrer la vérité, étant présentement isolés du monde extérieur...

Alors, comme je disais, mieux vaut l'approche directe. Elle était perdue dans ses pensées, mais même avant, la notion du temps semblait lui échapper. Donc, je pris l'opportunité de lui répondre, une fois qu'elle a laissé échapper ses pensées:

-Le temps de ton inconscience? Quelques heures, tout au plus. Mais là n'est pas le problème...

Je regardai le poignet de mon bras gauche, mon bras tatoué, comme si j'observais une montre qui n'existait pas. Enfin, elle existait dans mon esprit, mais personne ne pouvait la voir. Je levai mes yeux vers le haut de ma tête pendant que je faisais un rapide calcul, puis recommença à parler de façon décontractée:

-Si mes calculs sont exacts -Même si c'est impossible qu'ils le soient, puisqu'il me manque quelques années de mémoire- il te manque deux, trois, voire quatre ans de ta vie. Les Despairs sont amateurs de lobotomie, vois-tu. Donc, ce qui semble être quelques heures d'inconscience est en réalité quelques années d'apocalypse et de boucheries étudiantes que tu as loupées.

Je riais intérieurement à nouveau, réalisant immédiatement que j'étais loin d'avoir 17 ans depuis quelque temps. Si ce n'était pas pour la fin du monde, je serais peut-être un adulte légal au Japon! Ne me demandez pas pourquoi, mais réaliser ma vieillesse m'est hilarant. Par contre, ça ne doit pas être le cas pour cette fille. Dès lors, je l'interpellai à nouveau, cette fois, prenant un air plus sérieux, plus compatissant:

-Écoute... Je suis certain que tout ça est difficile à accepter, surtout puisque nous n'avons pas le luxe de tout te raconter en détail, mais je te jure que tout ce que je te dis est vrai. Je n'ai aucune raison de te mentir. Donc si tu as d'autres questions, n'hésite pas à me les poser. Ou si tu veux du temps pour relaxer et te vider l'esprit, n'hésite pas non plus à me dire de te foutre la paix.

Je restai là un petit temps de plus, question de lui laisser faire son choix. Par contre, je trouve que j'ai déjà perdu assez de temps ici. Il y a un quartier complet à explorer, je ne peux pas me permettre de rester sur cette plage à raconter l'histoire de la fin du monde à cette nouvelle. Ou peut-être est-ce ma responsabilité de faire ainsi, moi qui ait survécu, moi qui suis une triste source d'informations? Enfin, je ne sais plus. Mieux vaut ne pas bouger tant et aussi longtemps qu'elle ne se soit pas décidée...