Quand deux asociaux se retrouvent [PV Mitsuki Hoshizora/Aito Ooni]

Juger sa première nuit sur cette île en un mot ? Ce n'était pas compliqué pour la jeune Hoshizora qui en avait un en tête : Exécrable ! Rare était ce genre de nuits qu'elle pouvait compter sur les doigts d'une seule main. Rares étaient ces nuits où elle était strictement incapable de fermer l’œil malgré la fatigue accumulée. Et rares étaient les nuits blanches qui se terminaient par les caprices de son organisme. C'était juste la deuxième nuit de sa vie qu'elle avait vécu ainsi et elle pensait qu'une seule fois avait suffi. Mais non, il avait fallu que le département émotionnel de son cerveau et son système digestif se donnent le mot pour la mettre minable quand la situation actuelle le déconseillait fortement. Et tout ça à cause de ce type, bien évidemment...

"Maudit soit-il...
-Père, de qui parlez vous ? Père !"

Alors la voilà allongée sur le sable de l'îlot de départ à tenter aussi bien de penser à autre chose qu'à lui que à ne pas fermer les yeux, chose difficile quand on les a à peine fermé depuis un bon moment. Mais pas impossible, sa gorge la brûlait certes, mais elle sentait son estomac commencer à se calmer, encore un peu et elle pourrait retourner dans sa tente comme si de rien n'était, oui, elle avait sa fierté et alors que le soleil se levait, elle ne tenait pas à se montrer dans une position de faiblesse dans ces lieux. Ici, il fallait tuer pour réussir à s'enfuir et se montrer comme une proie facile n'était pas ce qu'on pouvait dénommer, "une grande idée", bien au contraire. Elle se remit alors en position assise, ignorant la remontée acide et ne voulant pas penser à se relever, chose qui arriverait dans les prochaines minutes.

"Ce fichu hacker...Skullhead...
-Père ! Tenez bon, les secours vont arriver."

Skullhead, qui aurait deviné qu'un jeune homme de son âge soit un hacker d'une telle envergure ? Et qui aurait prévu qu'il serait ici, sur cette île, à portée de main? Depuis le temps, trois ans, qu'elle voulait régler son compté à celui qu'elle dénommait depuis toujours l'Ennemi, voilà l'occasion qui venait à elle comme par magie. Et voilà que c'était la seule personne avec qui elle pouvait potentiellement partager ses réflexions. Et voilà que ses souvenirs lui remontaient en tête accompagnés de bile et d'insomnie. Passant une main sur le coté gauche de sa poitrine, elle se remémora ce jour là, cette première nuit à laquelle celle qu'elle venait de vivre ressemblait. Mitsuki avait eu son habituel mal des transports mais lors de la dernière partie du voyage, elle avait tout fait pour tenir, son père l'attendait, après un an où peu de lettres avaient circulé entre eux. Mais lorsqu'elle le vit, il était à genoux, crachant du sang, pour être embarqué à l'hôpital. Le diagnostic était clair : surmenage.

"Pourquoi père ? Pourquoi en être arrivé là...
-Pour ne pas...faire honte...à Interpol...
-Comment ça ?
-J'y ai été...transféré...et on nous a...confiés...ce dossier...
-Juste pour ça ? Vous risquez votre vie pour ça !? 
-Mitsuki...ce type...est dangereux...et...j'y étais...presque...
-Et voilà où vous en êtes. Maintenant concentrez vous sur votre guérison ce sera plus utile !"

Quittant la chambre sur ce ton catégorique, elle n'avait pas oublié de prendre l'insigne de son père. L'habitude l'avait poussé à ne rien montrer de son inquiétude, même si c'était son père et que c'était vain, ni de sa rage envers celui qui avait poussé son paternel dans ses derniers retranchements. Mais elle savait au fond d'elle qu'elle n'hésiterait pas à tout faire pour coincer ce pirate informatique derrière les barreaux si l'occasion de le rencontrer se présentait. Elle se l'était promis, l'avait promis sur l'insigne qu'elle portait à la chemise, sous son sweat, et cette promesse, c'était la dernière chose qu'elle avait dite avant de s'enfermer dans son mutisme, son intention de se venger de L'Ennemi.

"Si un jour nos routes se croisent Skullhead, je jure sur cet insigne de te foutre en prison."

Pour sûr, ce type ne l'emporterait pas au paradis, mais ça devait attendre, attendre de s'en sortir si vivants ils s'en sortaient tous les deux. Et puis, n'y avait-il pas autre chose de plus utile à faire ?

Aito avait détester la nuit qu'il a passé en compagnie de ces macaques soi-disant "talentueux" avec qui il était forcé de vivre en communauté. Mais sa souffrance en présence des autres ne faisait que commencer...

Cette nuit était tout simplement horrible: rien que de repenser aux autres personnes en train de "s'amuser", il en avait presque la nausée. Ils vont devoir s’entre-tuer très bientôt, et pour l'instant, ils font la fête comme au nouvel an. Beurk, comment les gens, même simples d'esprit, peuvent-ils faire de telles choses alors que la mort approche? Ils sont décevants à un point qu'il n'aurait même pas imaginé. Même des chimpanzés auraient mieux réagi à une telle situation. Aito, lui, s'en réjouissait, juste pour voir le choc et la tristesse sur leurs visages. Que ce serait amusant.
Pour la journée, il voulait juste être à l'écart de tout le monde, et un lieu le lui permettait: le petit îlot où ils se sont tous retrouvés. Qui voudrait y aller? Il n'y a absolument rien à voir sur ce caillou au milieu de l'océan. Juste un palmier et... la muette? Pourquoi ELLE est là, elle? Il croyait avoir un moment de tranquillité, mais même pas, il fallait qu'il tombe sur la coincée d'astronome avec qui il pouvait communiquer. Bon sang, pourquoi il faut toujours que quelqu'un pense la même chose que lui? Il la considérait mieux que ces singes qui étaient avec lui dans sa mésaventure, mais il la détestait, comme tous les autres, parce qu'elle est prévisible, plus que les autres même, vu qu'ils ont une mentalité similaire. Il se pensait unique à penser comme cela, mais ces "cours" lui ont appris une chose:


Il décida de s'asseoir à l'opposé de la muette, face à l'océan, et soupira de la monotonie de la mer.

Plus utile hein ? Après tout, la soirée lui avait permis de juger ses camarades, et le diagnostic n'était pas joli à vrai dire. Elle ne les aimait pas, pour la plupart, mais à part certains, elle ne les détestait pas non plus. Mais rien qu'à leur présentation, elle avait bien compris, qu'elle n'avait, comme toujours, pas sa place ici. Elle avait compris avec le temps, qu'elle n'avait jamais eu de place nulle part, et qu'elle n'en aurait pas de si tôt. Mais pourquoi se faire une place parmi des gens qui pouvait la tuer ? 

Quoique, si ils n'avaient pas un coup à l'arrière train, il était fort peu probable qu'ils s'en prennent à qui que ce soit. D'abord, Guignol, Crieurs Publics numéros un et deux, la Feignasse, la Fouine et le Geek étaient un peu trop confiants envers les inutiles valeurs de "l'amitié". Ensuite, Bébé Cadum, Pleurnichard, Superficielle, Iceberg et Shae n'en étaient absolument pas capables. Enfin, l'Obsédé -qu'elle devait penser à remercier pour le carnet et le stylo-, Le Flemmard, Le Renard et L'Ennemi -encore lui- étaient certes les plus aptes à tuer, mais certaines circonstances devaient probablement être réunies. Bref, à ce train là, la tuerie allait sacrément tarder. Mais si c'était ce que voulaient leurs superviseurs, alors nul doute qu'ils leur donneront un coup de pouce.

Et puis quelle soirée, pourquoi il a fallu qu'elle mette son nez dehors ? Elle avait littéralement été coincée pendant plusieurs heures sur un arbre à supporter des andouilles jouer comme si cela n'était qu'un simple voyage scolaire. Sauf qu'ils n'en réchapperaient pas tous vivants si certains d'entre eux y arrivaient bien sûr. Mais pourquoi avait-ils été emmenés ici ? Où étaient-ils ? Pourquoi eux ? Et quel est le but de toutes ces machinations ? Chaque fois qu'elle repensaient à ces questions qu'elle avait noté, ainsi qu'aux divers éléments de leurs débuts de voyage, elle ne pouvait tout bonnement pas penser que c'était sans raison. Il devait y avoir quelque chose derrière, et ils fallait le trouver par soi même, elle ne pouvait pas voir la situation autrement. 

Cela avait eu le mérite de lui passer l'envie de vomir, comme quoi, même son corps ne supportait pas qu'elle pense a des inutilités. Si elle savait nager, elle aurait volontiers fait un tour dans l'eau salée, à défaut, elle se leva, soulagée de ne sentir aucune crampe d'estomac et s'étira. Que ça faisait du bien de ne plus sentir la bile remonter son œsophage ! Maintenant, il ne resterait plus qu'à en finir avec ce goût dégueulasse dans la bouche et sa brûlure de la gorge avant de tranquillement faire une sieste bien méritée dans sa tente. Après tout, il n'y avait rien sur cette îlot silencieux, juste un palmier et...L'Ennemi ?

Ou comment penser trop vite à la fin des déboires de son système digestif visiblement, conclut-elle en sentant son estomac lui faire signe. Depuis combien de temps était-il là ? Certes il était loin d'elle -et tant mieux pour eux- mais il pouvait très bien la voir et si il l'avait vue lorsqu'elle faisait l'étoile de mer...il y avait des chances que tôt ou tard, ce type la prenne pour cible. Mais bon, une fille muette, solitaire et inutile, n'était-ce pas une cible rêvée pour quiconque voulant quitter cette île ? Si, sauf que l'Ennemi en question semblait n'en avoir strictement rien a battre depuis le début, elle serait juste encore plus sur ses gardes qu'à l'accoutumée. Alors autant faire comme si il n'était pas là, après tout, il serait probablement le seul à l'avoir surprise et il était assez...impopulaire selon ce qu'elle avait remarqué. S'en faire étant donc inutile, elle se dirigea le plus tranquillement possible vers le pont menant à l'île aux tentes. Elle n'allait pas gâcher sa journée avec quelqu'un comme lui !