Rien ne vaut la simplicité ~

La chambre de Setsuko était une chambre banale.

Lorsque la jeune demoiselle y était entrée pour la première fois, elle fut surprise. Avec tous ces vestiges datant de l'Antiquité autour d'elle, elle s'était attendue à avoir une chambre dans les mêmes tons. Pourtant, elle s'était retrouvée dans une pièce chaleureuse, simple, meublée d'un lit, d'un bureau, d'une armoire et de quelques étagères sur les murs. Rien qui pouvait lui faire soupçonner que dehors, se trouvaient les ruines d'une civilisation romaine. C'était une chambre totalement ordinaire, une chambre comme elle en avait eu jusqu'à maintenant. Et dans cet endroit si étrange, si hors du commun, voir quelque chose d'ordinaire l'avait étonnée. Pas déçue, non, simplement étonnée. Setsuko adorait tout ce qui sortait de l'ordinaire, et avait tendance à s'émerveiller devant tout et n'importe quoi, mais elle était soulagée de voir que l'endroit où elle passerait quelques nuits était une pièce on ne peut plus classique. Elle n'avait rien contre le changement, les choses extraordinaires et qui rompaient totalement avec son quotidien, mais elle avouerait tout de même qu'elle aurait du mal à s'endormir dans une chambre qui ne soit pas comme les autres, disons. Cette chambre-ci lui rappelait des souvenirs, et lui permettait de sentir chez elle, étrangement. Si elle avait eu une chambre moins banale, l'actrice ne se serait pas sentie à sa place, et le sommeil aurait plus de difficulté à arriver si elle avait eu l'impression d'être chez quelqu'un d'autre. C'est pourquoi, en plus de la surprise, un sentiment de soulagement l'avait envahie.

Le charme de cette chambre résidait donc dans sa simplicité. L'endroit était très lumineux. Il y avait deux grandes fenêtres qui donnaient sur l'extérieur, aux rideaux bleu ciel.
Le parquet au sol craquait légèrement à chaque pas, et la couleur blanche et pure des murs faisaient naître en la demoiselle une impression de paix, mais aussi de solitude.
Le lit était au fond de la pièce, à droite. C'était un lit double, qui semblait si confortable que Setsuko avait bien envie de s'y jeter tout de suite. Ensuite, il y avait l'armoire et les étagères. Elles n'avaient rien de particulier, et de même pour les objets qui y étaient posés. Mais la jeune femme était heureuse, comme si trouver quelque chose de simple dans un lieu extraordinaire réussissait justement à les rendre elles aussi peu communes.
Et enfin, il y avait le bureau, juste à droite lorsqu'on rentrait dans la chambre. Il était plutôt grand, et des feuilles, des stylos, des crayons et d'autres objets y étaient posés. Cependant, il y avait parmi ceux-ci certains qui retenaient plus son attention. Pour commencer, une robe en soie d'une couleur magnifique s'y trouvait, dans un coin, soigneusement pliée, avec à côté une petite trousse contenant du maquillage. Malgré ce qu'on pourrait croire, Setsuko n'aimait pas le maquillage. Elle avait l'impression de mentir et de se faire passer pour quelqu'un d'autre… Même si c'était justement en quoi consistait son métier. Elle en utilisait uniquement au travail, mais jamais en dehors. Par contre, elle avait un faible pour les robes, surtout d'aussi belles et féminines que celle-là. Un cadeau de Niki, n'est-ce pas ? Peut-être était-elle plus sympathique qu'elle n'en avait l'air.
Setsuko changea rapidement d'avis à son propos en tombant sur une cassette vidéo, dans l'un des tiroirs. Il y avait un écran sur son bureau, et de quoi la regarder. Elle n'était pas là par hasard, Niki l'avait sans doute mise là pour une raison. Et la raison, c'était que Setsuko devait voir ce qu'elle contenait. Et bien, elle n'aurait jamais du. Voir sa mère se faire torturer puis assassiner, ce n'était pas vraiment ce à quoi elle s'attendait.
Mais l'actrice ne perdit pas son sourire. Parce que, de même que les cadavres dans la vidéo de Niki au Colisée, il s'agissait aussi d'un faux. Sa mère avait peut-être joué dans un film, qui sait ? Ou peut-être que c'était une réalisation 3D extrêmement bien faite. De nos jours, c'était bien possible.

Elle refusait de croire que c'était réel. Elle avait forcément raison. Oui, forcément.

Elle jeta la cassette par la fenêtre et sortit de sa chambre. Après tout, il lui restait des lieux à découvrir… Et elle avait besoin de se changer les idées.